Charlie Reed ~ Le cauchemar ambulant

« Vous appelez ça un don ? Une malédiction ouais ! C'est pas une vie, de se transformer en gonzesse à tout bout de champ ! » Charlie est comme qui dirait atteint du syndrome Ranma ½. Tous les fans de manga comprendront instantanément : il suffit que le garçon entre en contact avec de l'eau froide pour se métamorphoser en... son alter ego féminin. Cet étrange maladie l'affecte depuis sa plus tendre enfance. Probablement même depuis qu'il est né, mais en général, on ne lave pas les bébés à l'eau froide, alors difficile de savoir. Les intempéries météorologiques sont un véritable calvaire pour Charlie, qui ne se balade jamais sans un parapluie. Pour retrouver sa forme masculine, une seule solution : s'asperger d'eau chaude ou plus simple encore, prendre un bain (quoique, faut déjà la trouver, la baignoire). Et quand je dis chaude, c'est au moins 37 degrés, soit la température du corps humain (fait découvert pendant sa période « expériences » à la pré-adolescence). Pour faire simple (ou pas), appelons son don - ou sa malédiction, peu importe - : androgynomorphie.

Mon dieu... comment vous décrire un tel caractère. Charlie est un peu comme une météorite : quand je suis lancé, rien ne m'arrête et je défonce tout sur mon passage. Hyperactif depuis toujours, le garçon ne peut tout simplement pas rester en place. Et quand il n'y a rien à faire physiquement, c'est verbalement qu'il se défoule... si bien qu'on voudrait parfois (ou devrais-je dire souvent) lui coller des baffes un ruban adhésif sur les lèvres. En plus de ça, c'est une vraie teigne. Quand il ouvre la bouche en général, ce n'est pas pour faire des compliments. D'une franchise éhontée, Charlie n'a jamais entendu parler de l'expression : « tourner sa langue 7 fois dans sa bouche ». C'est bien simple, il dit tout ce qui lui passe par la tête. Qu'il vous trouve votre cravate hideuse ou qu'il ait remarqué un bout de salade coincé entre vos dents, il ne va pas hésiter à vous le faire remarquer, que vous vouliez entendre son avis ou non. Cette boulimie de paroles est la conséquence d'une maladresse légendaire : Charlie ne sait pas sociabiliser dans les règles de l'art. Il n'a aucun complexe et sa confiance en lui-même est telle qu'il croit que tout le monde est comme lui. De plus, il est quasiment impossible de le déstabiliser. Quoique... personne n'est intouchable, mais il faut bien connaître Charlie pour savoir taper où ça fait mal. Son groupe d'ami(e)s l'apprécie pour son humour décalé et son côté boute-en-train, toutefois, il n'a aucun véritable ami proche. Ses soi-disant « potes » ont même tendance à le fuir lorsqu'il est au plus bas. Un Charlie qui n'a pas le moral ne les intéresse pas. Par conséquent, celui-ci a pris l'habitude de ne jamais montrer ses faiblesses à qui que ce soit.

Son apparence féminine est une copie quasiment conforme de son apparence masculine : cheveux châtains bouclés, yeux aigue-marine, sourcils reconnaissables entre mille... Si bien qu'il pourrait être sa propre sœur jumelle ! Haha, qu'est-ce que je suis drôle... Il y a bien sûr quand même quelques différences notables entre ses alter-ego : Charlie-fille est mince et élancée tandis que Charlie-garçon paraît relativement petit et maigre (forcément, 1,73m pour 60 kilos, ça donne pas la même chose sur une fille que sur un mec). Qu'il soit XX ou XY, Charlie attire souvent les regards. Sa bouille d'ange lui vaut bon nombre de compliments. Charlie-fille a bien évidemment les traits plus fins... plus féminins, quoi. Si les gens savaient quel petit démon se cache derrière ce doux visage... Comme les images parlent mieux que les mots, je vous présente Charlie sous ses deux formes :



Charlie XY



Charlie XX

Plutôt geek sur les bords, Charlie est un pirateur/codeur/graphiste hors pair. Toutefois, les études sont pour lui un calvaire et il n'a pas réussi à décrocher le diplôme lui permettant de faire de sa passion un métier. Mais Charlie Reed a d'autres cordes à son arc, et surtout, une autre apparence physique qu'il peut enfiler et retirer comme un vêtement. En tant que fille, Charlie s'est fait une place dans le monde de la mode : son physique avantageux et son air de petite garce a éveillé l'intérêt d'un agent dans les rues de Dublin un beau jour alors que la pluie venait de tomber et que Charlie avait malencontreusement oublié son parapluie. La nana lui a proposé de faire quelques essais, et c'est ainsi que Charlie est devenue Ava Reed, mannequin à la renommée croissante. « Croyez-moi... j'ai dû prendre sur moi-même pour accepter de jouer les poupées Barbie. Mais au moins, ça paye bien ».

« Oh mon dieu Mitch, viens voir ça »

La voix de ma mère m'a foutu la trouille. J'étais dans mon bain, tranquillement en train de jouer à dégommer mes petits soldats en équilibre sur la baignoire, et elle venait de débarquer après s'être éclipsée cinq minutes pour aller répondre au téléphone. Je devais avoir 3 ans. Je me suis retourné vers elle, les yeux grands ouverts et je lui ai demandé :

« Qu'est-ce qu'il se passe, maman ? »

J'ai toussoté, parce que ma voix me paraissait bizarre, comme parfois quand on a un chat dans la gorge. Sauf que là, ma voix est restée tout aussi aiguë quand j'ai insisté : « Maman ? ». Mon père est arrivé comme le gros lard qu'il était, en ronchonnant, sa bière à la main.

« Qu'est-ce qu'il a encore fait, ce sale morveux... »

Il a pas vu tout de suite. Moi non plus, j'avais pas encore remarqué. C'est alors que j'ai baissé les yeux, suivant le regard de ma mère. Et là, j'ai crié à en éclater le miroir de la salle de bain. Mon... mon... mon p'tit oiseau, il avait disparu ! Qui me l'avait coupé pendant que j'étais occupé à jouer, qui, QUI ?! Je me suis levé en chialant. Je chialais jamais, d'habitude, c'est un truc de gonzesse. Ce qui s'est passé ensuite est pas très clair dans ma tête. Je crois bien que ma mère m'a examiné sous toutes les coutures en marmonnant « putain, putain, putain », mélangé à des phrases de la Bible. Enfin, je suppose que c'était des phrases de la Bible parce que ça parlait du Saint-Esprit, de Marie, et du p'tit Jésus. Elle m'a rincé à l'eau chaude, et là, l'incroyable s'est produit entre mes jambes : Charlie Junior est réapparu ! J'ai rien compris à ce qui s'était passé, et je crois que mes parents non plus.

C'est un peu plus tard, à cause de la pluie, qu'on a compris le système. Eau froide, je me transforme en fille, eau chaude, je redeviens garçon. Mes parents ont pas osé m'emmener voir un médecin, de peur qu'on essaye de me décortiquer comme un animal de labo. Ma mère a inventé une histoire de fou pour que je puisse vivre relativement normalement : j'étais allergique au chlore pour éviter les piscines, et j'avais une cousine, Ava, qui restait souvent chez nous et avec qui je passais mon temps à jouer à cache-cache. Comme ça, les gens qui voyaient soudain apparaître cette gamine aux cheveux bouclés et aux yeux verts qui me ressemblait comme deux gouttes d'eau, croyaient que c'était ma cousine débarquée de je-ne-sais-où. Personne s'est jamais vraiment posé de questions... les gens peuvent être tellement cons, parfois. Ava est devenue une personne à part entière, même si c'était toujours moi, sous une forme différente. C'était dur au début, mais j'ai fini par trouver de nombreux avantages à cette satanée malédiction : d'une, je peux me taper toutes les lesbiennes que je veux. Y'a pas beaucoup de mecs qui peuvent se vanter d'un truc pareil, non ? De deux, je gagne ma vie grâce à Ava. Une moue de salope placardée sur le visage, quelques poses pseudo-suggestives et c'est bon, ils kiffent. Je suis pas fier de faire la tapette devant les caméras mais bon... l'orgueil cède toujours sous le poids des pièces d'or.